Tétraèdre équifacial

En géométrie, un tétraèdre équifacial, ou disphénoïde (du grec sphenoeides, « en forme de coin »), est un tétraèdre (non plan) dont les quatre faces sont des triangles isométriques. Une condition équivalente est que les arêtes opposées soient de même longueur.

Il a été signalé dans les Annales de Gergonne dès 1810, puis beaucoup étudié par les géomètres des XIXe et XXe siècles[1].

Le tétraèdre régulier est équifacial mais un tétraèdre équifacial peut avoir des arêtes de trois longueurs différentes.

Propriétés

Le tétraèdre équifacial est invariant par les trois demi-tours d'axes les bimédianes (joignant les milieux de deux arêtes opposées), qui sont aussi les bihauteurs (perpendiculaires communes à deux arêtes opposées) , et concourent en un point O. Ce point est donc à la fois centre de la sphère circonscrite et de la sphère inscrite, et centre de gravité des quatre sommets du tétraèdre[1].

Patron du tétraèdre équifacial.

Tous ses angles solides et les figures de sommet sont identiques, et la somme des mesures en degrés des angles des faces arrivant à chaque sommet est égale à 180°.

Les longueurs des six arêtes d'un tétraèdre équifacial A B C D {\displaystyle ABCD} ont trois valeurs a = B C = A D , b = A C = B D , c = A B = C D {\displaystyle a=BC=AD,b=AC=BD,c=AB=CD} , et les angles des faces, trois valeurs α , β , γ {\displaystyle \alpha ,\beta ,\gamma } , angles en A , B , C {\displaystyle A,B,C} de la face A B C {\displaystyle ABC} .

D'après l'inégalité triangulaire sur les angles arrivant à un même sommet, α < β + γ = π α {\displaystyle \alpha <\beta +\gamma =\pi -\alpha } , donc α < π / 2 {\displaystyle \alpha <\pi /2}  : les angles des faces sont strictement aigus [2],[3].

Son parallélépipède circonscrit A B C D A B C D {\displaystyle ABCDA'B'C'D'} (dont les trois paires de faces parallèles sont incluses dans les paires de plans parallèles contenant deux arêtes opposées - voir ci-contre) est rectangle.

Un tétraèdre ABCD et son parallélépipède circonscrit. A {\displaystyle A'} a pour coordonnées barycentriques ( 1 , 1 , 1 , 1 ) {\displaystyle (-1,1,1,1)} dans ( A , B , C , D ) {\displaystyle (A,B,C,D)} , et ainsi de suite.

Le carré de la longueur du côté [ A B ] {\displaystyle [AB']} de ce parallélépipède, longueur qui est aussi celle de la bimédiane joignant [ A B ] {\displaystyle [AB]} à [ C D ] {\displaystyle [CD]} dans le tétraèdre, est 1 2 ( a 2 + b 2 c 2 ) = a b cos γ > 0 {\displaystyle {\tfrac {1}{2}}(a^{2}+b^{2}-c^{2})=ab\cos \gamma >0}  ; on obtient les autres par permutations [4]. Ceci confirme que les angles sont aigus.

L'un des deux patrons du tétraèdre équifacial est un triangle aigu d'angles α , β , γ {\displaystyle \alpha ,\beta ,\gamma } et de longueurs de côtés 2 a , 2 b , 2 c {\displaystyle 2a,2b,2c} , divisé en quatre triangles semblables par des segments reliant les milieux des côtés.

Caractérisations

Un tétraèdre (non plan) est équifacial si et seulement si [5],[6]:

  • les faces sont semblables
  • les faces sont isométriques
  • les faces ont le même périmètre
  • les faces ont la même aire [2],[5],[3]
  • les arêtes opposées sont de même longueur
  • son parallélépipède circonscrit est rectangle[3]
  • Les bimédianes sont perpendiculaires aux arêtes qu'elles relient[3]
  • les perpendiculaires communes à deux arêtes opposées sont deux à deux perpendiculaires
  • le centre de la sphère circonscrite et le centre de gravité des sommets coïncident
  • le centre de la sphère circonscrite et celui de la sphère inscrite coïncident
  • les défauts angulaires des quatre sommets ( 2 π {\displaystyle 2\pi } moins la somme des mesures des angles des faces adjacentes) sont égaux à π {\displaystyle \pi } .

Un tétraèdre dont les bihauteurs sont concourantes est équifacial, orthocentrique ou formé d'un losange gauche et de ses diagonales [7],[8],[9].

Les tétraèdres équifaciaux sont les seuls polyèdres ayant une infinité de géodésiques fermées non auto-sécantes, et toutes les géodésiques fermées sont non auto-sécantes [10].

Formules métriques

La sphère circonscrite a pour rayon[11]:

R = a 2 + b 2 + c 2 8 {\displaystyle R={\sqrt {\frac {a^{2}+b^{2}+c^{2}}{8}}}}

La sphère inscrite a pour rayon[11]:

r 2 = R 2 R 2 {\displaystyle r^{2}=R^{2}-R'^{2}} avec R = a b c 4 S {\displaystyle R'={\frac {abc}{4S}}}

R {\displaystyle R'} est le rayon des cercles circonscrits aux faces et S = 1 4 ( a 2 + b 2 + c 2 ) 2 2 ( a 4 + b 4 + c 4 ) {\displaystyle S={\frac {1}{4}}{\sqrt {(a^{2}+b^{2}+c^{2})^{2}-2(a^{4}+b^{4}+c^{4})}}} l'aire de n'importe quelle face, donnée par la formule de Héron.

La longueur commune des quatre hauteurs est égale à 4 r {\displaystyle 4r} [11].

Le volume d'un tétraèdre équifacial d'arêtes opposées de longueurs a, b, c est donné par [11]

V = 4 r S 3 = 1 3 ( a 2 + b 2 c 2 ) ( a 2 b 2 + c 2 ) ( a 2 + b 2 + c 2 ) 8 = 1 3 a b c cos α cos β cos γ . {\displaystyle V={\frac {4rS}{3}}={\frac {1}{3}}{\sqrt {\frac {(a^{2}+b^{2}-c^{2})(a^{2}-b^{2}+c^{2})(-a^{2}+b^{2}+c^{2})}{8}}}={\frac {1}{3}}abc{\sqrt {\cos \alpha \cos \beta \cos \gamma }}.}

On en déduit la relation intéressante suivante reliant le volume et le rayon de la sphère circonscrite :

16 S 2 R 2 = a 2 b 2 c 2 + 9 V 2 . {\displaystyle \displaystyle 16S^{2}R^{2}=a^{2}b^{2}c^{2}+9V^{2}.}

Articles connexes

Références

  1. a et b Victor Thébault, « Sur le tétraèdre dont les arêtes opposées sont deux à deux égales », L'Enseignement mathématique,‎ , p. 50-60 (lire en ligne)
  2. a et b Jean-Marc LÉVY-LEBLOND et Jean-Paul MARMORAT, « Tout tétraèdre équiaire est équifacial », Quadrature,‎ janvier-février-mars 2021 (lire en ligne Accès payant)
  3. a b c et d Yves Ladegaillerie, Géométrie, affine, projective, euclidienne, et anallagmatique, Ellipses, , p. 382-383
  4. Pierre Audibert, « Tétraèdres équifaciaux, ou disphénoïdes »
  5. a et b Em. Lemoine, « Quelques théorèmes sur les tétraèdres dont les arêtes opposées sont égales deux à deux, et solution de la question 1272 », Nouvelles annales de mathématiques, 2e série, vol. 19,‎ , p. 133-138 (lire en ligne)
  6. « concours général 1992 - exercice 3 »,
  7. E. Ehrhart, Articles de mathématiques : Sur les tétraèdres dont les perpendiculaires communes aux arêtes opposées sont concourantes, Cedic/Nathan, , p. 75-76
  8. E. Ehrhart, « Sur le triangle et le tétraèdre », Bulletin de l'APMEP, no 381,‎ , p. 621 (lire en ligne)
  9. Bertrand Gambier, « Sur les tétraèdres dont certaines bihauteurs se rencontrent », Bulletin de la S. M. F., vol. 76,‎ , p. 79-94 (lire en ligne)
  10. (en) Dmitry, Ekaterina Fuchs, « Closed geodesics on regular polyhedra », Moscow Mathematical Journal, vol. 7 (2),‎ , p. 265–279 (lire en ligne Accès payant)
  11. a b c et d Yvonne et René Sortais, Géométrie de l'espace et du plan, Hermann, , p. 330-336

Paul COUDERC, Augustin BALLICCIONI, Premier livre du tétraèdre à l'usage des élèves de première, de mathématiques, des candidats aux grandes écoles et à l'agrégation., Paris, Gauthier-Villars, , p. 137-175

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Disphenoid » (voir la liste des auteurs).
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